- morosité
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• 1486; lat. morositas♦ Littér. Caractère, humeur morose. ⇒ 2. chagrin, tristesse. « une sorte de morosité et de rigidité calviniste » (A. Gide).♢ (repris 1971) Manque d'entrain créatif caractérisant un groupe, une société. ⇒ marasme, stagnation. La morosité politique, économique d'un pays.⊗ CONTR. Gaieté , joie.Synonymes :- amertume- mélancolie- neurasthénieContraires :- allégresse- énergie- vitalitémorositén. f. Caractère, tempérament morose.⇒MOROSITÉ, subst. fém.A. —Disposition, habituelle ou passagère, à la tristesse, au mécontentement. Avec l'âge, sa verve était tombée, il n'avait plus qu'une morosité silencieuse. On aurait dit, à voir le sérieux de son visage, qu'il roulait le monde dans sa tête (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.50):• ♦ ...telle est donc la tristesse sui generis qui reflue sans cesse sur un Tolstoï et qui, à mon sens, rend compte de ces éclairs de haine que nous surprenons chez lui, dirigés contre la nature humaine comme telle, et de je ne sais quelle grandiose morosité qui donne à sa figure cet air sombre, auguste, renfrogné...DU BOS, Journal, 1924, p.82.— P. méton. Moment, mouvement de mauvaise humeur, de tristesse. Là-dedans, j'expose avec lucidité et, je le crois, avec une émotion communicative tout ce que cette malheureuse m'a fait souffrir et tout ce qui a amené mes morosités de la fin (VERLAINE, Corresp., t.1, 1872, p.55).B. —Caractère triste, ennuyeux, monotone (de quelque chose). Morosité de la Bourse, de l'opinion publique. Ce mouvement, dont la maison de ma mère était le centre (...) m'attristait plus encore que la monotonie et la morosité de l'été (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p.120). L'oeuvre de Gide est pour ainsi dire sans événements et comme à l'abri du réel (...). D'où l'ennui, l'indicible morosité qui s'en dégage, quelque délectation qu'on puisse prendre aux savantes flatteries de son art (MASSIS, Jugements, 1924, p.61).Prononc. et Orth.: [
], [
-]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1486 (La tres ample et vraye Expos. de la reigle M. S. Ben., f° 50c ds GDF. Compl.). Empr. au lat. morositas, -atis «humeur chagrine», dér. de morosus, v. morose1.Fréq. abs. littér.: 36. Bbg. GOHIN 1903, p.272.
morosité [mɔʀozite] n. f.ÉTYM. 1486; lat. morositas, de morosus. → 1. Morose.❖1 Littér. Caractère, humeur morose. ⇒ Chagrin, ennui. Par ext. Tristesse, abattement.0.1 La session parlementaire de printemps s'était à peine achevée, au début de juillet 1971, que (…) six gaullistes importants (…) s'en prenaient avec vigueur, avec véhémence même, au gouvernement (…) Cette offensive devait se poursuivre, sous d'autres formes et avec d'autres assaillants, d'un bout de l'année à l'autre, une année qui, d'un mot souvent employé, fut caractérisée pour la majorité par la morosité.Journal de l'année, 1971-1972, p. 21.1 L'heure du courrier apportait de nouveaux sujets de morosité à cet homme déjà sombre de nature (…)Alphonse Daudet, Sapho, VI.2 (…) l'habitude d'une certaine morosité, le désir ou même le besoin de se trouver en faute, et le refus de soi, aux sollicitations les plus aimables de la vie (…)Gide, Journal, 1911, Feuillets.3 (…) cette zone forestière où les sapins semblaient introduire dans la nature entière une sorte de morosité et de rigidité calviniste.Gide, Si le grain ne meurt, II, I, p. 326.2 (Repris 1971). Climat politique terne, manque de dynamisme (dans un groupe social).❖CONTR. Gaieté, joie. — Dynamisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.